Interview de Nicole Duranton
"Rien ne justifie la présence d'une liste concurrente de centre-droit si ce n'est des questions d'égo"
En 2014, comment avez-vous vécu votre élection ?
E n 2014, j'étais Présidente de l'UMP et je figurais dans une liste d'union de la droite et du centre. C'est cette union qui a permis qu'une élue de l'Eure fasse enfin son entrée au Sénat et montre que dans ce département la parité est une réalité. Être la première sénatrice de l'histoire de ce département a été un honneur mais aussi une pression supplémentaire pour moi qui découvrais le mandat parlementaire.
Comment avez-vous géré cette "pression" supplémentaire ?
Au lieu de m'enfermer à Paris, j'ai au contraire choisi de faire beaucoup de terrain dès les premières semaines de mon élection car je ne voulais pas perdre le lien, le contact avec ceux qui m'avaient fait confiance pour faire remonter leurs attentes. En gardant cette connexion avec les élus de l'Eure, j'ai pu ressentir à quel point ils comptaient vraiment sur moi. Leur soutien m'a conforté et m'a donné encore davantage envie de me battre pour eux.
Au Sénat, justement comment se sont passées vos premières semaines ?
Passés les premiers jours de découverte de ce lieu incroyable qu'est le Palais du Luxembourg, j'ai pu rapidement me mettre au travail. J'ai clairement eu la chance que Ladislas me prenne sous son aile et, grâce à son expérience et sa bienveillance, m'évite des écueils dans lesquels tombent beaucoup de néo-sénateurs. J'ai aussi eu la chance d'avoir un autre "parrain" durant ces premières semaines en la personne de Gérard Larcher qui m'a guidé avec beaucoup de bienveillance.
"Je salue le choix responsable de Ladislas Poniatowski"
A l'heure du bilan, vous estimez avoir été au rendez-vous des attentes de ceux qui vous ont élu, d'avoir "fait le job" comme on dit ?
Ce n'est pas à moi d'en juger et je me garderais bien de faire dans l'autosatisfaction, ce n'est pas mon genre. Depuis 2014, j’ai interrogé les différents Ministres, amendé de nombreux textes et suis intervenue en en commission ou dans l'hémicycle pour défendre des causes qui me tiennent à cœur ou soutenir des projets attendus par les Eurois. Je ne sais pas dire si j'ai répondu aux attentes, mais ce que je peux dire, c'est que je me suis donné à 1000% dans mon mandat, aussi bien à Paris que dans l'Eure. Cet engagement total, j'espère que tout le monde me le reconnaitra.
Au moment de vous représenter aux élections sénatoriales, l'union n'a cette fois pas été totalement possible, vous le regrettez ?
Je suis surprise et très déçue. Surprise parce que rien ne justifie la présence d'une liste concurrente de centre-droit si ce n'est des questions d'égo. Ladislas Poniatowski a choisi d'arrêter, et il choisit notre jeune ministre comme successeur, alors que Ladislas n'est pas franchement un grand soutien du gouvernement... C'est un choix responsable, qui mérite d'être salué et qui marque une transition entre deux générations de décideurs politiques. Nous devons à Ladislas son action pour la ruralité, notamment à l'Ouest de l'Eure, mais aussi pour l'énergie.
"La division est un poison lent"
Nous devons à Sébastien une reconquête du Conseil Départemental en 2015...pour laquelle peu de monde ne se précipitait à l'époque pour mener la bataille. Sans compter depuis ce que Sébastien a mis en œuvre à l'échelle nationale : rééquilibrage des procédures pour les éoliennes en la faveur des maires, révision de la loi NOTRe et création - ENFIN ! - d'un statut de l'élu... Alors oui, il n'y a rien d'infamant à accepter d'être derrière un ministre de 34 ans, qui a été successivement le plus jeune maire de France d'une commune de plus de 20 000 habitants et le plus jeune Président de Département de l'histoire...
Selon vous, cette liste concurrente fait-elle peser un risque sur l'issue du scrutin pour les forces de centre-droite ?
Notre territoire a besoin de succès, de volonté et d'ambition. Assumons cela. J'ai joué l'Union en 2014, nous la jouons de nouveau en 2020. C'est difficile de tendre la main, difficile d'accepter... la division et la confusion qui en découle, qui oblige les grands électeurs de l'Eure à faire des choix dont ils se sauraient bien passés, est un poison lent pour la suite. Nous mènerons une campagne volontaire pour que cette désunion ne favorise pas la tête de liste socialiste. Le mode de scrutin hélas crée un risque majeur...
Facebook : Ensemble pour l'Eure - Sénat
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